Conférence à Paysalia Le génie végétal, une filière en plein essor
Lors de Paysalia, une conférence proposée par l’Unep a permis de faire le point sur l’activité du génie écologique. L’occasion d’en retracer les contours et de mettre le doigt sur la montée en puissance du secteur…
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L’appellation « génie écologique » ou « génie végétal » regroupe tout ce qui touche de près ou de loin à la restauration ou à l’amélioration de milieux naturels et des écosystèmes : biotopes, faune, flore, eau… C’est un travail avec et pour le vivant, souvent associé à la réhabilitation des cours d’eau et leurs berges par des techniques basées sur le végétal, mais qui s’applique aussi à la gestion des eaux pluviales avec les noues plantées, par exemple, la réhabilitation de sites industriels par végétalisation, jusqu’à l’écopâturage.
Loin d’être une nouveauté, le concept de génie écologique « relève au contraire du bon sens et se réfère bien souvent à des méthodes ancestrales, mais avec des connaissances, une ingénierie, des matériaux et des moyens techniques d’aujourd’hui. C’est une filière qui a du sens, en parfaite adéquation avec les enjeux environnementaux actuels et à venir. Filière naturellement associée au paysage pour l’approche végétale, sa finalité est pourtant très différente. Contrairement aux aménagements paysagers “classiques”, toute trace d’un chantier de génie écologique réussi doit s’effacer en quelques années pour laisser la nature reprendre ses droits. La phase chantier se doit d’être exemplaire sur ce point : éviter toute dégradation du milieu, toute atteinte à un élément protégé ou patrimonial ou toute introduction d’espèces indésirables », a expliqué lors d’une conférence sur le sujet, à l’occasion de Paysalia, Mathieu Le Meur, qui dirige une entreprise du paysage spécialisée qui emploie dix-sept personnes à Cholet (49). Il est par ailleurs adhérent à l’Unep (Union nationale des entreprises du paysage).
Des appels d’offres en hausse de 24 %
Il a présenté quelques chiffres sur cette filière. Les budgets qui y sont alloués sont en forte augmentation : de 2017 à 2019, tout ce qui touche de près ou de loin au génie écologique a représenté un chiffre d’affaires de 1,13 milliard d’euros par an en moyenne, dont environ 70 % de travaux et 30 % d’études. Les montants des appels d’offres dans ce domaine ont augmenté de 24 % pendant cette période, soit une augmentation deux fois plus forte que celle de la commande publique en général. Près de 1 100 entreprises de paysage interviennent dans le secteur du génie écologique, 45 % des dossiers travaux leur sont attribués. Les sociétés de travaux forestiers sont également bien présentes sur ces marchés, ainsi que celles de travaux publics, ces dernières pouvant intervenir en complément des entreprises de paysage, pour les travaux de terrassement importants ou la démolition d’ouvrages en béton, par exemple.
De nombreux acteurs interviennent dans le secteur du génie écologique : bureaux d’études, écologues, chercheurs, fournisseurs de matériaux, acteurs de la formation, tous y ont leur place. Fondée en 2014, l’AIG Eco, association fédérative des acteurs de l’ingénierie et du génie écologique, a pour objectif de regrouper les réseaux existants afin de favoriser les échanges entre tous les acteurs français concernés par cette thématique.
Développer la filière malgré l’absence d’obligations réglementaires
« Les entreprises de paysage ont un rôle majeur à jouer dans ce marché », a rappelé Mathieu Le Meur. Plusieurs outils sont à disposition des professionnels : règles professionnelles de l’Unep en libre accès (élaboration d’un guide pour donneurs d’ordres en projet), label QualiPaysage, annuaire en ligne des entreprises spécialisées en génie écologique. Le centre de ressources de l’Office français de la biodiversité (OFB) est un dispositif d’accompagnement technique et de développement des compétences des professionnels et s’adresse à un panel varié d’acteurs de la biodiversité : maîtres d’ouvrage, bureaux d’études, entreprises de travaux, collectivités, services de l’État, associations, instituts de recherche, etc.
Toutes ces bases documentaires sont primordiales pour le développement de la filière et l’information des décideurs, car, mis à part dans la gestion des eaux pluviales où la réglementation évolue, aucune obligation réglementaire n’impose aux maîtres d’ouvrage de privilégier des solutions végétales. Pour les cours d’eaux, les enrochements sont encore fréquents. Ces derniers, s’ils apportent une solution à un point donné, risquent de reporter les problèmes plus en aval, contrairement aux techniques douces proposées par le génie végétal. Toutefois, pour Mathieu Le Meur, cette absence de réglementation présente l’intérêt de ne pas figer les choses et de laisser une place à l’expérimentation. Travailler avec le vivant, vouloir imiter la nature nécessite une observation, une remise en cause et un questionnement permanents !
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